Theory

Hybrid films Theory

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« Hybridation : Le cinéma expérimental contemporain et les nouvelles technologies selon Johanna Vaude » in Cinémathèque Française, programme Septembre – Octobre 2006, p. 86,87

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HYBRIDIZATION IN CONTEMPORARY EXPERIMENTAL CINEMA WITH NEW TECHNOLOGIES ACCORDING TO JOHANNA VAUDE

Program of the « Cinémathèque Française » (French Anthology Film Archives)_ Paris, September / October 2006, p.86-87

« Johanna Vaude, brilliant young experimental film-maker, dedicates her cinematic and analytical works to what will doubtless appear as the big affair of this turning point of the millennium as regards the mobile images : hybridization, the hybridization of supports, practices, ideas. In the palette of an incredible wealth available to the film-makers today, in these plastics possibilities that the artists grant themselves through repeated and various diversions, excesses, alliances and tribologiques researches, in this fascinating excitement, how to distinguish ? The informed, sensible and subtle glance of the author of “The Wild Eye”, which has just dedicated a fundamental essay to the history of the film hybridization, helps us to discover, to look from different view points. »

Nicole Brenez

« The appearance of the new technologies renews the traditional practice of the experimental movies. The notion of plastic hybridization is nowadays subject to changes because it is situated in the heart of the film media. How to report this disruption of the practices, techniques and supports ? We discern three processes: the transplant, the fusion and the heredity.

The « Transplant » films include, on the same support, the various elements from diverse sources – video, digital, film – which live together without becoming distorted. The sources do not mix, they remain intact, in their state, and are juxtaposed. Without our noticing it consciously, the videos images or those from of the last technologies come into gestures and artistic practices of the filmmakers.

The « Fusion » films mix all the materials, without distinguishing them (photos, digital, Super 8 films, 16mm, 35mm, video, etc.), by mixing them, so that we do not know anymore where is the first source, which is not important anymore. What counts, is the plastic and aesthetic result : all the elements and the techniques marry, are linked, are not anymore recognizable as such. These films attest of an assimilation of all the materials and the supports in relation with the world of the images.

The « hereditary » films are only on digital. The film disappeared in its physical manipulation, there is no more trace, except a « genetic » trace. We can see, in certain digital videos works, the signs of previous practices and the experimental techniques (recycling / footage, scratching, assembly (editing), flicker, etc.)

We can see, in certain videos digital creations, the signs of the previous practices specific the experimental, (recycling / footage, scratching, editing, flicker, etc.), reconstituted techniques, remade either by software or by gestures that come back constantly, but with different tools. These gestures are either the sign of a tradition and a transmission of a practice of the experimental movies, or on the contrary an intuition, an evidence, because certain filmmakers, without knowing particularly the experimental movies, are naturally going to proceed with an already pre-existent home-made practice.

Subsequently, we see new film practices finding their specific languages from the new technologies: virtual world (being also able to express a reality), artificial intelligence…

The practice of hybridization puts in touch all the techniques of the film and the digital technology. It is a film « gesture » which transfers the old to the new. That is a continuity where we would see a break. Some users, who have now access to these new technologies, participate, sometimes unconsciously, in this transfer by using all the means at their disposal.

It is a human reflex which let hope a future where the experimental could exceed all the current limits and lease to be confined in a unique practice or a belonging. »

Johanna Vaude

« A population (…), is defined by its borders with the other groups of the same kind; these borders are hardly waterproof, it is this porosity which brings the main part of the new genes. »

(Albert Jacquard, Les hommes et leurs gènes, 1994.)

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Texte paru dans la revue scientifique Corps [Edition Dilecta] sous la direction de Bernard Andrieu et Philippe Coutarel

Greffe, fusion, hérédité. L’hybridation dans le cinéma expérimental contemporain.

Les formats les plus couramment employés dans le cinéma expérimental sont, pour des raisons économiques, le super 8 et le 16 mm. Le 35 mm ou le 8 mm sont également utilisés (pellicule rare) et le 70mm exceptionnellement. Parmi les nombreuses réalisations expérimentales, un souci constant de recherche plastique et esthétique pousse cette pratique à chercher de nouveaux procédés techniques ; les effets visuels obtenus grâce aux filtres, les vitesses de prises de vues et de projections, l’image par image, le développement en laboratoire, les temps d’exposition, les surimpressions, les interventions directes sur la pellicule, le montage, la récupération (le found footage). On trouve également une réflexion sur sa spécificité dont découle une remise en question permanente ; c’est par ce biais qu’il ouvre son champ à d’autres domaines – comme les arts plastiques, la poésie, la musique, la philosophie, le documentaire, l’engagement politique, la forme narrative, etc. – et nous offre une palette de genres incroyablement large et riche.
Aujourd’hui, c’est avec cette longue tradition d’expérimentations et tout cet acquis de réflexions techniques, plastiques et esthétiques que le cinéma expérimental actuel rencontre les nouvelles technologies mises à la disposition du grand public. Depuis la fin des années 90 et le début des années 2000, les premiers logiciels de montage (Final Cut Pro., I-movie ou Adobe Première) sont accessibles aux cinéastes expérimentaux. On voit apparaître des réalisations très actuelles abordant de nouvelles expérimentations en rapport avec ces outils récents et leurs potentiels techniques. Ces nouveaux supports ne viennent pas remplacer les autres plus anciens. Les cinéastes expérimentaux y voient bien plus une complémentarité. Ils remettent en question leur propre fonctionnement et explorent ce nouveau domaine qui va s’élargissant. C’est une mutation qui s’opère au sein de la pratique expérimentale et qui donne lieu à une hybridation des supports, à une forme de créativité insoupçonnée. Si l’on se réfère au dictionnaire, l’hybridation plastique signifierait un croisement naturel ou artificiel de deux espèces ou variétés différentes. Si nous avons à la base deux supports différents tels que du 16mm et du numérique, l’hybridation n’est pas un film par exemple tourné et monté en 16mm puis projeté en vidéo. L’hybridation est bien davantage un mélange plastique, une cohabitation de divers éléments à l’intérieur même du film. C’est la transposition d’images filmées sur des médiums tels que le super 8, le 16 mm, le 35 mm, la vidéo numérique, et retravaillées à partir de différentes techniques : interventions sur pellicule (peinture, collage, grattage), la retouche d’images numériques (Photoshop, After Effect), le montage traditionnel et numérique, création d’images de synthèse (programmation, logiciels de 3D). Au final, ces images sont rassemblées sur un support commun, qu’il soit argentique, analogique ou numérique, à partir duquel elles sont projetées. Le “ corps ” du cinéma se transforme. Si l’on considère le cinéma en général comme une espèce, alors les croisements qui se sont effectués entre le cinéma expérimental et les autres domaines artistiques sont une hybridation entre deux espèces différentes puisque les pratiques, comme la sculpture, ne sont pas de la même catégorie et de même constitution. Actuellement, c’est un tout autre croisement qui s’opère, car les différents supports, matériaux et instruments qui constituent le cinéma contemporain sont des variétés de sa propre espèce. Pour la première fois, le cinéma est en train de se décliner lui-même comme ce fut le cas dans d’autres domaines artistiques. Les hybridations plastiques que le cinéma expérimental a explorées avec d’autres espèces, comme la peinture, sont des pratiques qui l’ont précédé et l’ont imprégné de leurs acquis ; contrairement aux nouvelles technologies qui sont en “ avant de lui ”, presque sans histoire. C’est peut-être cette nouveauté propre au cinéma qui fait peur et crée une frontière entre une pratique du cinéma expérimental adonnée à la “ pureté pelliculaire ”, et une autre plus aventurière qui s’ouvre aux nouveaux instruments présents dans le monde moderne des hautes technologies. Les nouvelles hybridations se passent dans le matériau même du cinéma, avec un corps nouvellement constitué qui est celui du numérique : sa composition morphologique change, et après observations, on distingue trois formes d’hybridations expérimentales actuelles : la greffe, la fusion et l’hérédité. Ces trois formes d’hybridation n’ont pas de frontières totalement délimitées, beaucoup de réalisations peuvent recouvrir et déborder plusieurs de ces distinctions. Certains films peuvent à la fois fusionner tout en étant de l’ordre de l’héréditaire. Ces trois distinctions permettent de mieux comprendre les gestes et les enjeux de cette nouvelle hybridation du cinéma expérimental actuel.

La Greffe
“ Il est une ancienne croyance très répandue, et qui repose sur un ensemble considérable de preuves, c’est que de légers changements dans les conditions d’existence sont avantageux pour tous les êtres vivants. (…) et que, d’autre part, de légers croisements, (…) ajoutent à la vigueur et à la fécondité des produits. ” (Charles Darwin 1859, p. 320-321.)

Les films dits de “ greffe ” regroupent, sur un même support, différents éléments provenant de diverses sources – vidéo, numérique, argentique – qui cohabitent les unes avec les autres sans se dénaturer. Elles ne se mélangent pas entre elles, elles restent intactes, en leur état et sont juxtaposées les unes contre les autres. Pourquoi les cinéastes ont-ils recours à la greffe ? Pourquoi le corps du film a-t-il besoin de ces agrégations ? Très souvent, pour une raison pratique ou financière, les cinéastes vont avoir recours à ces greffes pour apporter à leurs créations les éléments manquants et pouvoir constituer le corps en son entier. La greffe, d’une certaine manière, est aussi arrivée dans le cinéma expérimental pour des raisons culturelles et sociologiques, car ces nouvelles images qui nous entourent font partie de notre environnement quotidien. Sans que l’on s’en aperçoive de manière toujours consciente, les images issues des dernières technologies viennent s’introduire dans nos gestes et nos pratiques artistiques.

La fusion
“ (…) le croisement de formes qui ne sont que légèrement différentes favorise la vigueur et la fertilité de leur descendance et ensuite, que de légers changements dans les conditions de vie sont apparemment favorables à la vigueur et à la fertilité de tous les êtres organisés. ” (Charles Darwin 1859, p. 330.)

Les films “ fusion ” sont ceux qui mélangent tous les matériaux, sans les distinguer, en les mixant les uns avec les autres, de telle sorte qu’on ne sache plus vraiment où se trouve la source première qui n’a plus de réelle importance : tous les éléments s’épousent, s’imbriquent, ne sont plus vraiment identifiables, ne forment plus qu’un et peut-être un « troisième terme ». Ces films témoignent d’une assimilation de tous les matériaux et supports en rapport avec le monde des images : photos argentiques, numériques, films Super 8, 16mm, 35mm, vidéo, etc.

L’hérédité
“ En vertu du principe si puissant de l’hérédité, toute variété objet de la sélection tendra à propager sa nouvelle forme modifiée. ” (Charles Darwin 1859, p. 49.)

Les films “ héréditaires ” sont conçus uniquement en numérique. L’argentique a disparu dans sa manipulation physique, il n’y en a plus de trace, sauf une trace “ génétique ”. On peut voir, dans certaines créations vidéos numériques, les signes des pratiques antérieures et propres à la pellicule, reconstituées, refabriquées, soit par des logiciels, soit par des gestes qui reviennent sans cesse, mais avec des outils différents. Ces gestes sont soit le signe d’une tradition et transmission d’une pratique du cinéma expérimental, soit au contraire, une intuition, une évidence car certains cinéastes, sans connaître particulièrement le cinéma expérimental, vont naturellement procéder à une pratique artisanale déjà préexistante.

“ Le procréé peut fort bien être différent de l’un et de l’autre des géniteurs (…) les géniteurs ne transmettent pas ce qu’ils sont, mais la moitié des facteurs qu’ils avaient reçus. (…) Le résultat obtenu est unique, le nombre des possibles est immense.” (Albert Jacquard 1994, p.18-21.)

Le cinéma expérimental a acquis un grand savoir-faire en termes d’expériences cinématographiques aussi bien au niveau technique que plastique et esthétique. Aujourd’hui, les expériences plastiques faites avec la pellicule sont arrivées à leur terme : par exemple un cinéaste qui pratique actuellement de la peinture sur pellicule prolonge en quelque sorte une tradition de la pratique expérimentale. Ce n’est plus une expérience au sens large, mais une expérimentation à sa propre échelle personnelle, puisque le procédé a été maintes fois exploré et découvert. Ceci ne veut pas dire que cette pratique est “ révolue ” ou “ dépassée ”, mais elle devenue un acquis et un précieux héritage qu’il faut pouvoir renouveler dans le paysage numérique des dernières technologies. Actuellement il faut se questionner sur les possibilités plastiques et expérimentales de ces héritages : comment peuvent-elles s’inscrire dans ce nouveau paysage, que peuvent-elles transmettre aux nouvelles pratiques, qu’est-ce que ces nouveaux outils et usages peuvent nous apporter en retour ?
L’hybridation plastique avec les dernières technologies permet la rencontre de pratiques venant de différents milieux – arts plastiques, graphismes, VJing, cinéastes, Web masters, animateurs de films, programmateurs informatiques, réalisateurs de clips musicaux. Même si une culture ou une pratique s’évanouit, il en reste toujours des traces dans les nouvelles sociétés. On ne peut pas encore savoir ce qui se passera concrètement pour le cinéma expérimental, mais nous savons déjà que les supports argentiques vont peu à peu disparaître tandis que l’acquis lui-même de la pratique expérimentale va subir ou subit déjà une “ transmigration ” vers les nouvelles technologies et continue de cette façon à évoluer et à influer.
Certaines réalisations aujourd’hui ne sont plus techniquement identifiables. Les frontières s’estompent, les pratiques se mélangent et donnent forme à un nouveau continent, à une nouvelle ère pour le cinéma artisanal. Un tel brassage de cultures et de pratiques artistiques va sans aucun doute donner naissance à de nouvelles formes cinématographiques, de nouvelles propositions d’images et de nouvelles positions relationnelles entre le cinéaste et son outil l’ordinateur. Celui-ci en effet devient peu à peu l’instrument quotidien du cinéaste car il réunit potentiellement, du point de vue des images, toutes les pratiques entre elles : Photoshop pour la photo, Final Cut Pro., I-movie, Adobe Première pour le montage numérique, After Effect pour les effets spéciaux, 3DS Max, Combustion pour de la 3D, Flash pour l’animation sur le Web ou dans les films. Tout est maintenant à portée de main. On peut également créer les images soi-même sans passer par la caméra, soit en construisant ses propres formes en 3D directement à partir du logiciel, soit en traçant du pixel, soit en cherchant des images sur Internet ou en les extrayant depuis un DVD. Aujourd’hui existe aussi le Net Art, des sites interactifs à la croisée de l’animation, du jeu, du graphisme et même de l’expérimental. Comme la technologie ne cesse de se développer, on peut très bien imaginer que d’ici quelques années l’émergence des “ flash films expérimentaux ” sur le réseau, empreints de la culture du flicker, du montage psychédélique, d’images par images, d’expériences sur les supports et les programmations, de found footage, le tout mêlé à l’interactivité. Tous les moyens et les codes de l’image en mouvement éclatent et se conjuguent actuellement.
L’hybridation plastique dans le cinéma expérimental actuel annonce un changement en profondeur pour la pratique artisanale. Ses repères sont modifiés et les nouvelles pratiques qui se sont engagées annoncent un renouveau de l’esthétique visuelle expérimentale. Nous pouvons déjà entrevoir que les films dits de “ greffe ” et les films dits de “ fusion ” seront des pratiques “ éphémères ”, car lorsque la pellicule argentique ne sera plus accessible aux cinéastes, seuls les films dits “ héréditaires ” survivront. Les films de “ greffe ” et de “ fusion ”, mélangeant, raccordant et conjuguant deux pratiques, argentiques et numériques, sont en quelque sorte les témoins visibles d’un bouleversement dans le monde des images en mouvement.
Les résultats de ces hybridations cinématographiques seront-ils pris en considération et de ce fait seront-ils féconds ou stériles ? Car comme on peut le lire dans L’Origine des espèces de Charles Darwin, certains croisements donnent des hybrides incapables de se reproduire, ou au contraire, la fécondité des descendants augmente (Charles Darwin 1859, p. 314). Les mauvaises conditions environnementales sont les facteurs principaux qui empêchent la reproduction des végétaux hybrides, comme le remarque Charles Darwin : “ Les conditions défavorables affectent plus facilement la fécondité (…) ” (Charles Darwin 1859, p. 320.)
La pratique de l’hybridation met en relation toutes les techniques connues de l’argentique et du numérique. C’est là un “ geste ” cinématographique qui transfère l’ancien vers le nouveau. C’est-à-dire, une continuité là où nous aurions tendance à voir la rupture. Une continuité qui passe par la transmission des acquis, des héritages, d’une histoire. Ces acquis, ces héritages, cette histoire, sont tellement présents que sans le savoir et sans a priori, certains utilisateurs, qui ont maintenant accès à ces nouvelles technologies, participent à ce transfert en exploitant tous les moyens qui sont à leur disposition. Les cinéastes qui connaissent cette charge historique pourraient faire le lien et faire découvrir aux nouveaux praticiens (comprenant des programmateurs informatiques, des webmaster, des infographistes…) l’origine et l’histoire du cinéma expérimental. Ces nouveaux praticiens sont curieux et portés naturellement à l’exploration, à l’expérimentation et à la création. C’est là un réflexe humain qui laisse entrevoir un avenir où l’expérimental pourrait dépasser toutes les limites actuelles et ne plus être circonscrit par une pratique unique ou une appartenance. Aujourd’hui, il y a un tel foisonnement de productions artisanales et de tels moyens de diffusions à notre disposition, une telle multiplicité de foyers de créations, que localiser l’ensemble de la production expérimentale devient une entreprise d’autant plus passionnante qu’elle s’avère difficile.

Corps & Couleurs : L’Hybride par Bernard Andrieu

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« L’hybride » par Bernard Andrieu in Corps & Couleurs, CNRS éditions, dir. Pascal Blanchard, Gilles Boëtsch, Dominique Chevé, page 138-147, 2008

Histo.art 2 – Le cinéma critique. De l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle

« Greffe, fusion, hérédité : l’hybridation dans le cinéma expérimental contemporain » par Johanna Vaude

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Le cinéma critique. De l’argentique au numérique, voies et formes de l’objection visuelle

sous la direction de Nicole Brenez et de Bidhan Jacobs

Au tournant du XXIe siècle, l’art du fi lm a connu des mutations profondes et rapides qui semblaient faire de la technologie le moteur de la créativité. Les cinéastes ont vécu une situation nouvelle et passionnante : ils pouvaient puiser à volonté dans plus d’une centaine d’années de matériel argenti-que, vidéographique puis numérique, et trouvaient à leur disposition un nombre croissant d’outils pour transférer, hybrider, tresser les supports d’images. Simultanément, aussi technicide que technophile, la logique industrielle fondée sur un turn-over à rotation accélérée démantelait des pans entiers de l’arsenal argentique et vidéographique. Comment les pratiques artistiques ont-elles affi rmé leur auto-nomie par rapport aux consignes technologiques et aux commandes sociales ? Comment ont-elles articulé exigence formelle et dynamique d’éman-cipation ? Cet ouvrage collectif recense les voies et les formes singulières de l’objection visuelle, notion qui renvoie aux différents modes d’actualisation pratique d’une conception du film comme travail critique. Issu des journées d’études « Cinéma expérimental et histoire » (2007), « Collectif Jeune Cinéma/Festival des cinémas différents. Histoire, conservation et diffusion du cinéma expé¬rimental » (2008), « L’art au temps du numérique » (2009) et des programmations impaKt (conçues par les Trois Lumières) qui se sont déroulées au sein de l’Institut national d’histoire de l’art à l’initiative des chercheurs de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (École docto¬rale Histoire de l’art), ce deuxième volume de la collection Histo.art associe manifestes et analyses d’artistes, d’enseignants et de doctorants. Une préface du cinéaste Peter Whitehead et une intervention en images du plasticien Ange Leccia enrichissent l’ouvrage.

Ed. Publications de la Sorbonne, 2010

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